L’IA dans l’assurance et les mutuelles : 5 cas d’usage majeurs (problématique, apport de l’IA et success stories)

En 2024, la moitié des assureurs non-vie et près d'un quart des assureurs vie utilisaient déjà L’IA dans leurs opérations, selon l'autorité européenne de surveillance (EIOPA). Et cette adoption s'accélère : 52 % des PDG du secteur considèrent l'IA comme la technologie la plus importante pour les trois prochaines années.
Il faut dire que l’IA touche toute la chaîne de valeur des assureurs, de la souscription au règlement des sinistres en passant par la détection de fraudes et le service client.
La rédaction de Feedae vous propose son top 5 des cas d'usage de l'IA dans l'assurance et les mutuelles !
1. Détecter les fraudes dans les déclarations de sinistre
La problématique
Les fausses déclarations coûtent plusieurs milliards d'euros par an aux assureurs européens : accidents fictifs ou exagérés, factures de soins gonflées ou détournées, usurpation d’identité pour souscrire plusieurs contrats, voire des réseaux organisés qui impliquent des garagistes, des médecins et/ou des experts complices.
Les assureurs savent (généralement) détecter les fraudes, mais le problème vient de l’échelle : les assureurs automobiles traitent plusieurs millions de sinistres par an, les mutuelles santé reçoivent des centaines de milliers de feuilles de soins, etc.
Les équipes de gestion ne peuvent pas vérifier chaque dossier en détail. Elles s'appuient donc sur des contrôles par échantillonnage ou sur des règles métier rigides (dépassement de seuils notamment) qui laissent parfois passer les schémas qui ne déclenchent aucun signal d'alerte :
- Soit parce qu'ils restent juste en dessous des seuils ;
- Ou parce qu'ils combinent plusieurs variables difficiles à croiser avec les outils à disposition.
Résultat : l'assureur rembourse des prestations indues, son ratio sinistres-primes se dégrade et il répercute cette perte sur ses tarifs.
L’apport de l’IA
L'IA permet de traiter des données non structurées que les systèmes classiques ne pouvaient pas exploiter :
- Analyse automatique des photos de sinistre pour détecter des incohérences visuelles ;
- Reconnaissance de patterns dans les échanges écrits ou les conversations téléphoniques ;
- Traitement de documents manuscrits ou mal numérisés ;
- Identification des schémas de fraude émergents en temps réel, là où les règles métier n’évoluent généralement qu’après plusieurs semaines ou mois après le constat.
Et surtout, l’IA peut ajuster ses critères de détection en continu, ce qui donne aux assureurs un levier intéressant dans la course qu’ils livrent aux fraudeurs. Les modèles de machine learning apprennent en effet de chaque nouveau cas validé ou infirmé par les enquêteurs, ce qui réduit le décalage entre l'apparition d'une nouvelle technique de fraude et sa détection.
Quelques exemples d’adoption pour ce cas d’usage
- L’éditeur français Shift Technology propose une solution IA de détection de fraude pour assureurs, entraînée sur plus de 100 millions de sinistres auto et IARD ;
- Ageas UK (assureur britannique) a déployé AI Approval pour l'automobile : l’outil analyse les photos des véhicules accidentés, évalue les dégâts, calcule le montant du remboursement en quelques secondes et émet des alertes sur les déclarations potentiellement frauduleuses.
2. Personnaliser la tarification et affiner la souscription
La problématique
Les assureurs fixent leurs tarifs en répartissant les assurés dans de grandes catégories : âge, lieu de résidence, type de véhicule, antécédents. Un conducteur de 23 ans paie plus cher qu'un quadragénaire, un urbain plus qu'un rural. Cette segmentation fonctionne statistiquement sur de gros volumes, mais elle produit forcément des injustices tarifaires à l'échelle individuelle.
Un jeune conducteur prudent subventionne les imprudents de sa tranche d'âge. À l'inverse, un assureur qui propose un tarif trop bas à un profil risque sous-estimé va accumuler les sinistres et dégrader son ratio. Les mutuelles santé rencontrent d’ailleurs le même problème : elles calibrent leurs grilles tarifaires sur des données démographiques et déclaratives.
Cette rigidité tarifaire pousse les « bons risques » vers la concurrence. Les assureurs le savent, mais ils ont besoin de ressources massives pour affiner la segmentation. Ils se retrouvent coincés entre :
- Une tarification trop large qui pénalise leur rentabilité ;
- La difficulté de personnaliser à l’échelle.
L'apport de l'IA
Le Machine Learning permet d’intégrer des dizaines de variables pour calculer un score de risque (plus) individualisé en quelques secondes, là où l’analyse manuelle ou semi-automatique prendrait des heures.
Pour l'assurance automobile, les solutions de télématique embarquées dans le véhicule permettent de facturer selon le comportement du conducteur : accélérations, freinages, vitesse, trajets effectués... En santé, les assureurs peuvent ajuster les cotisations en fonction des données biométriques transmises par des montres connectées ou des applications de suivi médical. Évidemment, ces pratiques sont réservées aux assureurs volontaires.
L’IA peut aussi intervenir en amont de la souscription pour détecter les profils à risque. Elle permettra d’analyser les déclarations, de croiser les données externes (bases publiques, historiques de sinistres) pour signaler les incohérences que les agents n'auraient peut-être pas repérées.
Quelques exemples d'adoption pour ce cas d’usage
- MyDrive Solutions fournit une plateforme télématique pour les assureurs automobiles. Des capteurs analysent le comportement de conduite pour les aider à optimiser les primes et mieux détecter les fraudes ;
- Certains assureurs santé proposent des réductions tarifaires aux assurés qui partagent leurs données d'activité physique via Apple Watch ou équivalent.
3. Automatiser le traitement des sinistres
La problématique
Les gestionnaires de sinistres passent près de la moitié de leur journée à remplir des formulaires, saisir des données, vérifier la cohérence entre les pièces justificatives et les déclarations... Ils reçoivent des photos, des factures, des expertises manuscrites et des courriers scannés. Tout doit être lu, interprété, saisi dans le système, croisé avec le contrat et l'historique de l'assuré.
Cette charge administrative ralentit les remboursements et monopolise des ressources humaines qualifiées sur des tâches répétitives. Un sinistre simple (bris de glace ou dégât des eaux mineur) peut mettre plusieurs jours à être traité, alors que la décision ne présente aucune complexité particulière. Et les assurés s'impatientent.